MAISON CELIERES 2/3

Publié le par la margouillette

LE SAUVETAGE DE LA MAISON CELIERES !

 

En 2002, de la rue du Port-Despointes, la maison Célières, cachée par une végétation de plus en plus dense, fait peine à voir. Cette impression de gâchis se confirme à l'arrière : on dirait qu'un coup de vent pourrait faire s'écrouler les bois tordus, éventrés, termités. Mais depuis 104 ans, ce bijou domanial a résisté aux vents, aux cyclones et même aux pluies diluviennes d'octobre. Il n'y a que les trois palmiers royaux d'origine pour afficher une mine hautaine.

Une histoire d'héritage :

Elle est (en 2002) squattée par une soixante de personnes composant une dizaine de familles.

L'histoire de cette déchéance est liée aux péripéties d'un héritage. La maison, au décès du propriétaire Monsieur Célières, est revenue à ses trois filles Renée, Paule et Yvette Célières. Or, seule Renée, célibataire et sans enfant, a eu la jouissance de ce patrimoine. Ses soeurs, une fois mariées, sont allées vivre en métropole.

Lorsqu'en 1989, la Province Sud a classé cette maison, dans le cadre de la conservation du patrimoine, Renée Célières vivait dans une villa qu'elle s'était fait construire, de l'autre côté de la rue.

Elle avait loué la maison à plusieurs locataires. Elle n'était pas contre la vente mais les autres héritiers ont fait la sourde oreille.

L'outrage des ans :

La maison Célières aurait pu être vendue aux enchères dès 1990, sur une mise à prix de 20 millions. La Province était sur les rangs. Mais la vente n'a finalement pas lieu, les héritiers étant revenus sur leur décision. Ils réclamaient une réévaluation de la mise à prix aux alentours de 30 millions.

Durant les transactions, aucun entretien n'a été réalisé.

Une délibération du 24 janvier 90 oblige le propriétaire, dans le cadre de la préservation du patrimoine, à exécuter les travaux d'entretien mais n'ayant pas force de loi, ce dispositif est resté caduque. L'usure des ans à fait son oeuvre.

Une double contrainte :

Après le décès de Renée Célières en 1995, les quatorzes pièces de la maison ont été investies par plusieurs familles qu'il est impossible, à l'époque, de déloger.

La propriété est divisée entre cinq héritiers indirects. Tous résident en métropole. Il semble qu'ils se soient mis d'accord pour se séparer de ce bien familial.

La vente aux enchères pourrait avoir lieu en mai 2002.

Pour l'acquéreur se pose une double contrainte : il sera tenu de reconstituer l'édifice à l'identique, mais il devra aussi solutionner le relogement des squatters. Ce qui laisse peu de chance à un promoteur immobilier.

La vie s'organise à l'abri des regards :

 Construite sur un soubassement en dur, édifiée en bois, la maison Célières a subi les pires outrages. Elle est un vrai danger pour les occupants dont certains vivent dans les "caves". Quelques familles résident encore à l'intérieur, sans électricité, l'eau étant acheminée à l'extérieur par des tuyaux, avec la bonne grâce des voisins. Les femmes entretiennent le parc, cultivent fleurs et plantes. Des bambins s'amusent autour.

Mais c'est à l'arrière, à l'abri des regards, que la vie s'organise. A côté des deux dépendances, des lieux d'aisance et de la buanderie d'origine, de petites maisons en dur et en tôle ont poussé çà et là ces dernières années. Des gens se sont approprié le domaine. En dépit de l'insalubrité et du danger.

 

Article et photos : les Nouvelles Calédoniennes de janvier 2002. Tinkyou bien.

Publié dans Spéciôl pour toa

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I
Et bien ! C'est fort dommage que personne ne s'en occupe réellement de cette demeure ! Bien sûr elle abrîte des familles, mais elles vivent quand même dans des conditions d'insécurité ! Surtout les enfants ! Quelle peine ! Mais eux ils ont un toit ! En attendant que des personnes puissent les reloger ailleurs ! Mais bon ! <br /> Tu soulèves ici deux sujets bien épineux : la conservation et la restauration de vieux bâtiments parties intégrantes du patrimoine de Nouméa. Et le relogement de nombreuses personnes qui sont en attente ou délogées pour aller dans de nouveaux bâtiments en construction actuellement ! Mais iront-elles vraiment ? Ces personnes sont habituées à vivre au grand air ... Enfin deux sujets bien épineux ! <br /> En attendant de nombreuses maisons coloniales de ce type sont laissées à l'abandon et je trouve cela écoueurant ! C'est quand même toute l'histoire de la Calédonie qui dort dans les murs ...<br /> Bisous, Isabelle<br />  
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L
Tu as tout à fait raison Isabelle, sauf que là je raconte l'histoire de la maison Célières et que l'article date de 2002, depuis....ben la maison a été sauvée et les familles relogées...ce qui n'exclue pas le fait qu'en Calédonie il y'a beaucoup de squats où les conditions de vie sont vraiment insalubres...ceci dit, c'est un moyen comme un autre de se loger pour une certaine catégorie de la population hélas...manque de moyens, manque d'emploi ou culture et habitudes de vie en Mélanésie...les débats sont nombreux et pour connaître personnellement un squatteur...ben il est heureux et content de son sort...donc...la biz de margouillette